Illustartion Djaffer Benmesbah Collection privée de Kader Rabia |
Tu m'inspires !
Sans
te définir, tu es l’objet de ma muse ; sans te définir, tu
es ma douleur et mon remède ; tu es mon doux mystère, je veux,
mais je crains de te découvrir. Tu m’inspires une douce poésie
que je ne récite qu’au fond de mon âme trouble. Tu es la muse qui
refuse de s’exprimer ; tu es un mal qui refuse de guérir dans
mes mots ; tu es le remède d’une souffrance inconnue.
Je
ne sais comment te saisir pour t’expliquer à moi-même ;
j’ignore quelles phrases il me faut formuler pour les charger de
mes sentiments ; je ne sais si je dois voir en toi l’ami ou
alors attendre l’amant. Ce que je sais, c’est que tu es à la
fois mon salut et mes tourments.
On
me dit que c’est cela l’amour. Mais en cherchant à saisir, à
comprendre ce «cela», je n’ai rien trouvé. Tout est soudain
abstrait ; toi-même, tu deviens une image de ma pensée. Je me
dis alors que sûrement, tu n’es qu’une apparition que j’aurais
inventée pour mes rêves, un personnage pour mes fantasmes. Je me
lance alors dans des interprétations freudiennes espérant trouver
des clés à mes rêves et je te retrouve tout entier devant mon
regard ébloui : une illusion d’oasis comme dans le désert ?
Non ! Tu es bien réel et de mon cœur tu es l’éternel !
D’ailleurs, ni mes mots, ni mon imagination ne sont en mesure d’une
telle invention ; tu es tout simplement la source de mon
inspiration.
C’est
peut-être mon admiration qui t’idéalise ; et j’aime courir
après ton mystère pour le percer, pour le laisser me pénétrer
tout entière. j’aime lire l’espoir dans tes yeux, cet espoir qui
fait naître auprès de toi tout l’amour que je te porte. C’est
alors seulement que je prends le goût en l’espoir, c’est alors
aussi que je lui donne le souffle de nos vies réunies. Oh ! que
j’aime l’espoir qui te fait mien et me fait tienne ! et puis
j’aime l’espoir qui redonne l’éclat à ton sourire ; oui,
j’aime cet espoir qui te caresse et te rend plein de vie. J’aime
enfin l’espoir qui m’ouvre les portes de ton mystère.
Ta
confiance me guide sur les sentiers de ton cœur et me montre le
chemin. Lieux inconnus, certes, mais je ne m’y sens guère
étrangère, ni intruse ; je suis tout simplement heureuse de
marcher en solitaire attentive et plus encore enchantée d’être
celle qui perce ton mystère. En faisant ainsi ta conquête, j’ai
appris à t’inscrire dans mes vers et à donner ton nom à toute ma
poésie ; ton visage ne cesse de s’identifier à la source de
mon inspiration, le rythme de ton cœur à guider l’orchestre de
mes mélodies. Mes phrases se nourrissent toutes de toi, et j’ai
fini par te faire ma sentence, ma locution, mon proverbe, tant que tu
m’inspires.
Je
n’ai qu’une requête à faire : permets-moi de t’aimer
comme la nuit aime les étoiles. Dans mes errances de solitaire
aigrie, j’ai appris leur histoire d’amour et ce fut un long
apprentissage. J’ai longtemps côtoyé les nuages migrateurs à la
quête de tous ces majestueux secrets géniteurs de cette éternelle
passion. Dans leur lit humide, j’ai retrouvé toutes leurs larmes
mêlées à des douceurs exquises, et c’est là que j’ai retrouvé
le pardon. J’ai demandé aux nuages de m’apprendre leur pardon,
ils m’ont alors inondée de leurs larmes et par elles, ils m’ont
demandé d’arroser les peines de mon cœur. Car, m’ont-ils dit,
il n’y a guère de bonheur sans peine et jamais de la chaleur sans
humidité.
Je
les ai priés de te laisser une place au soleil, ils m’ont appris
que la seule lumière, la véritable chaleur sont celles que ton
amour produit lorsqu’il brûle mon cœur. Ils ont, de ce fait,
soulevé leurs pans et j’ai reconnu toutes les lacérations qui ont
arraché à leur chair ces larmes qui arrosent la vie. Mais le soleil
qui passait à travers ces pans soulevés révélait aussi d’autres
secrets pour moi, sa douceur n’avait rien d’égal avec la passion
qui prenait place dans mon cœur. J’ai donc tout simplement décidé
de t’aimer jusqu’à ma propre douleur, à mon propre
anéantissement s’il le faut. Je t’ai aimé à te dresser un
culte et à chaque célébration de mon sentiment, Éros, Aphrodite et
tous les dieux mythiques de l’amour me rejoignent sur l’autel du
Parthénon de l’antique Athènes restauré pour l’occasion afin
de bénir mon amour et renouveler le baptême de mon cœur. Je te
ferai mon dieu et te nourrirai de nectar et d’ambroisie, met des
dieux qui assure l’immortalité.
Sonia Lounis, in Soliloques des quatre saisons
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