Sous ton monteau seul je me couvre
(Poème dédié à Jean El Mouhoub Amrouche)
Dans cette ville
Allumeuse mais infidèle
Je reconnais à peine
Le bruit de mes pas
Dans cette ville poubelle
Que chaque matin je déflore !
Pour mieux voir …
Mes ennemis éternels
Distinguer de loin
Le possible trépas
Je passe et repasse
Surveillant de plus belle
Mes limites,
Mes lacets
Et mes voix
A travers ses artères,
Ses ponts et ses ombrelles
Je ne tisse plus
Ma modeste toile sensuelle
Comme jadis …
Ou comme il se doit
Dans cette ville
Qui bouffe ses rêveurs rebelles
J’avance péniblement
Sur les traces des Vian
Jean-Eclair dans la mémoire
Pointant l’exil
La patrie
Les astres du doigt
Me couvrant de son manteau
Je marche je m’isole
Epiant la bêtises des rois
Dans cette ville infidèle
Putain de race oublieuse
Tout se fissure et …
Appelle à la fin
Les démons dans la rapace s’éveillent
Tirent vers leurs flancs la couette
Vers leurs crocs ce qui reste
Balancent au loin les indigènes
Tiennent à distance les silhouettes
Roms, basanées et sahéliennes
Révisent les origines des squelettes
Dans cette ville qui me tourne le dos
Je tourne en rond sur moi-même
Terre chassée par son soleil
Dans les murs d’exil en cette ville
Je dépose ma nostalgie en fragments
Et dans le creux de mes rides
Résistent les dernières rimes de ma chanson
Dans les bars enlaidis de cette ville
Je n’arrive plus à retenir
Mon ombre sage à mes côtés
Et mon vin
Demeure douloureux
Cassé par le lait de mon enfance
A jamais présent
Bouillonnant et généreux.
Kader Rabia
Paris, sept. 2010
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L'exil ne suffit plus
(Poème dédié à Essaid Nait Maamar*)
Comme un égaré
Au milieu du désert
Je tresse mes rêves
Avec du sable
Ma soif s’éteindra, me dis-je
Et ma misère
A la prochaine lune
Cet astre qui est notre
Sur lui se déploient
Les ailes des charognards
Et le discours des hyènes
Les faux paravents brillent
Cachant peu à peu nos noms
Et l’exil ne suffit plus
Comme moi, comme tant d’autres
Tu sais que rien ne vaut les armes
Comme un égaré
Au milieu de la jungle
Je reconstitue mes rêves
Avec des lianes usées
Ma faim s’éteindra, me dis-je
Et ma peur
A la prochaine saison
Cette saison qui est notre
Sur laquelle on applique
Des calendriers importés
Et des noires psalmodies
Les faux moulins se multiplient
Cachant peu à peu nos traces
Et la nostalgie ne suffit plus
Comme moi, comme tant d’autres
Tu sais que rien ne vaut les armes
Comme un égaré
Au sommet de la montagne
J’attrape mes rêves
Avec des doigts hésitants
Ma solitude s’éteindra, me dis-je
Et ma frustration
A la prochaine décision
Cette décision qui est la notre
Sur laquelle on jette
Le mépris comme mauvais sort
Les faux témoins pullulent
Trahissant à grand pas nos amours
Et la colère ne suffit plus
Comme moi, comme tant d’autres
Tu sais que rien ne vaut les armes
Mais les armes
Comme les espoirs
Cela se fabrique !
Kader Rabia
Paris, janvier 2011
* Essaid Nait Maamar est poète algérien d’expression kabyle. Vit, exilé, en Allemagne
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