Thomas Duranteau, Acrylique sur papier kraft marouflé sur bois. Extrait de son site : http://www.thomas-duranteau.odexpo.com |
Exils
1
S’exiler c’est refuser d’être banal.
2
On
est étranger quand on a une démarche
d’intrus
On devient exilé quand on n’a plus
aucune
démarche.
3
J’ai
approché une ombre
Elle m’a demandé mes papiers.
4
L’exilé
évite de poser des questions
A quoi bon ?
5
Je
reconnais facilement les miens
Ils traversent toujours en diagonal
6
Plutôt
que de te suicider
Va au fond de ta nostalgie
7
Avant,
j’avais dieu sur mon chemin
Aujourd’hui, je côtoie son
fantôme
8
Je
regarde bien le mur de demain
Mon nom n’y est pas
9
Là
où tout semble fluide
Moi je contourne l’objet
10
Dans
l’obscurité totale
On
rase les murs
Comme
des blessés de guerre
Au pied d’insoutenables ruines
11
Loin
de chez soi
Plus
besoin de miroirs
On
se scrute
dans le visage de l’autre
12
Sans
me rendre compte
J’ai changé de mélodie
à mes syllabes
13
Souvent
sur la page blanche
Viennent
me surprendre
Les
géographies lointaines
13
Ce
n’est qu’à l’hôpital
Et
dans certains bars
Que je rencontre mes sosies
14
L’étranger
poète
Comme
l’étranger pieux
Demeure
inconsolable
Pas pour les mêmes raisons
15
Tous
les exils s’effacent
Sauf
celui qu’on enfouit
Dans la mémoire
16
Avant,
il fallait traverser les mers
Aujourd’hui, il suffit d’écouter son
voisin.
17
Partir,
c’est chercher le grand espoir
Revenir, c’est enterrer ce qui en reste
18
L’exil
a toujours nourri les hommes
L’homme un jour tuera tous les exils
19
Avec
l’âge on aime s’approcher des fenêtres
Elles
nous content les souvenirs lointains
20
Tout
est écrit
Hormis les trajectoires de l’exil
21
Tout
se guérit
Sauf
le mal invisible laissé par nos traces
Sur les territoires inconnus
Kader Rabia
Exil
RépondreSupprimermots des mots
démons téméraires
mots
pris dans la colère
pris dans la glaise des chemins
lointaines prières
revoir le ciel bleuté des zébrures d’amour
tristesse déchaînée
aux anneaux arrachés des martyrs
révolte lente
mémoires
trois doigts arrachés
à la mitraille
dans les ruelles éventrées
des combats
je te revois
au bout du chemin
sur ce trait
des crêtes encore enneigées
dans tes yeux
le sang
des affamés
le sang des condamnés
exil
Patrick Aspe
Mabrouk pour votre blog que je viens de découvrir.
RépondreSupprimerBeaux vers et réflexions sur l'exil.
c'est dans ces mots que je retrouve mon"sosie"... moi aussi, je "traverse toujours en diagonale" . Merci Kader pour cette thérapie par les mots.
RépondreSupprimermestafa G'idir