L'âme ange
... Un cumulus de pigments se promène
Sur ma palette s'entassent
Des couleurs nocturnes
Mes doigts s'enfoncent dans l'abîme
Entre un printemps souffrant
Et un hiver dépressif
Mon pinceau ne sait plus où se poser
Je voulais peindre une fleur en jouissance
Quand celle-ci fut coupée de sa racine
Je n'ai peint que son parfum plaintif
Si je devais décrire l'essence du supplice
Je m'en irais errer dans la nature en deuil
Dites-vous pourquoi on a noirci mon jardin
Et emprisonné les gardiennes des bois
Pourquoi il ne me reste
Que des traces souffreteuses
Pourquoi mon papyrus jaunit
Et mes huiles ne sèchent plus
Pourquoi mon paysage est envahi
Et mes arbres titubent
Sous les tropiques atrocement
Oh mon bel oiseau de malheurs
Dis-leur que je ne suis pas heureux
Que mon ombre ne se dévoile pas
Aux joies artificielles de ce pays-ci
Dis-leur que ma source africaine
Ne coule plus à l'abandon
Ne peut plus arroser ses sécheresses
Dis-leur que les jardiniers
Se languissent de la pluie
Sous l'emprise de la faim
Ils dorment profondément
L'air marin venant du nord
Égaie les visages usés d'attente
Les séduit du bonheur mortel
A la croisée des eaux
Naissent des vagues tombales
Sombre le rêve de la dignité
Les paquebots se noient de lourdeur
Quand des vies tombent à l'eau
Même les gros poissons trouvent
La chair humaine amère
Que dois-je entendre
L'éclat doré du soleil
Ou la rouge colère du ciel
Quand dans mon paysage
Défile une population orpheline
Kamel Yahiaoui
merci pour ce beau texte
RépondreSupprimerlibrellule
Tragique et beau ..
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