Vague de Camille Claudel |
Cette vague…
Une
vague échoue sur la rive, rejette avec force des détritus de tous
ordres et me reprend dans son retour vers le large pour me faire
échouer à mon tour sur des îles de solitude qui menacent par leur
hostilité.
Je n’ai jamais su faire la part des choses dans de
pareils cas. Folie ou orgueil, j’ai choisi la solitude pour mieux
préserver mes amours mortes, mais cette solitude que j’ai depuis
longtemps recherchée s’est avérée être ma pire ennemie ;
elle me fait souffrir dans le silence. Je la bois comme du calice.
Sur cette île de mon naufrage, je sais que je vais non seulement
souffrir sans bruit, mais sans l’être cher aussi. Quel paradoxe !
Cet être est à la fois l’objet de mes amours, de ma solitude et
de ma punition. Je suis prisonnière et le crime que je paie de ma
pénitence est celui d’avoir aimé.
Solitaire,
l’amour m’a quittée et seule, c’est le monde que, moi-même,
je quitte de plein gré. Je croyais que de cette solitude j’allais
me construire la poésie qui m’en consolera ; que j’allais
me livrer à des méditations qui me le ramèneraient dans la
plénitude des nuits étoilées, mais j’avais vu faux tout au long
de ces années. Cette solitude, en réalité, n’a fait que sonner
le glas de ma quiétude, de mes passions folles et interdites…
Somme toute, elle n’a fait que sonner mon glas.
Certes,
je n’ai pas cessé d’aimer même dans la fin de l’espérance,
mais même si l’amour est encore grand, le cœur n’y est plus. Il
n’y a pas si longtemps, il eut été impensable que mon cœur bâtât
dans un autre rythme. Je voulais qu’il synchronise ses palpitations
avec l’objet de son amour, à présent, morne et solitaire, il doit
régler son souffle à l’agonie des amours mortes, de l’assommante
solitude et de la froideur de cette île déserte… de la fin des
rêves.
La
vague qui avait englouti ma carcasse à présent me malmène et me
pousse dans des délires abominables. J’ai hâte de la voir me
relâcher enfin, quitte à le faire sur cette île maudite. Saisi
d’un total envahissement, mon cœur ne cesse de chanter les
rengaines du total désespoir, des antiennes lassantes dont le
refrain est : « des maux, choisir les moindres. »
J’ai
décidé alors à me relever pour laisser passer cette vague…
Sonia Lounis
mai 2003
mai 2003
Malgre que les annees se suivent la vague est reste tel
RépondreSupprimerUn mirage lyes